La DG Trésor aide les entreprises à se développer à l’international avec le FASEP (Fonds d’études et d’aide au secteur privé), permettant de financer sur don ou avance remboursable des études de faisabilité ou la démonstration de technologies innovantes. Dispositif de soutien à l’internationalisation, il permet aux entreprises de démontrer l’efficacité de leurs méthodes et d’acquérir une référence à l’export.

Exemple au Brésil, avec le projet « M.A.R.U. » financé à 80% par le FASEP et conduit par l’Office International de l’Eau (OiEau) entre 2021 et 2023. Le projet a accompagné deux agences de bassin hydrographique afin d’évaluer la qualité des eaux résiduelles urbaines et leurs impacts sur les milieux aquatiques et les ressources en eau qui approvisionnement plus de 12 millions de Brésiliens. Déployé autour de 6 sites pilotes, le projet a exploité le savoir-faire technologique français en matière de stations de mesures connectées et de traitement d’images satellitaires.

Les eaux résiduelles urbaines (ERU), un défi de taille au Brésil

Au Brésil, l’évaluation de la qualité des eaux résiduelles urbaines (ERU), notamment issues des stations d’épuration lorsque ces eaux résiduelles sont effectivement collectées et traitées, représentent un défi de taille.

Sur la base des dernières données disponibles (2022), 44% de la population (90 millions de Brésiliens)n’étaient pas connectés à un réseau d’assainissement, et seuls 51% des eaux usées collectées étaient traités avant leur rejet dans le milieu naturel.

Les impacts de ces rejets représentent des risques sanitaires et nuisent aux milieux naturels. Aggravés par les déficits hydriques liés au changement climatique, ils fragilisent la sécurisation de l’alimentation en eau, notamment dans les zones à forte concentration urbaine.

La mesure, l’analyse et le suivi de l’impact de ces rejets sur la qualité des ressources en eau et sur les milieux aquatiques demeurent ainsi de réels enjeux au Brésil. En la matière, le niveau actuel ne permet pas de connaître les taux de conformité et performances des stations d’épuration (STEP), ni d’analyser l’impact sur le milieu naturel.

 

Analyser la qualité de l’eau, par le croisement de mesures in situ et d’images satellitaires

Dans ce contexte, l’Office International de l’Eau (OiEau) a déployé pendant 28 mois le projet M.A.R.U. (« Monitoramento das Águas Residuais Urbanas » : « Suivi des eaux résiduelles urbaines »).

Financé à 80% sur fonds FASEP, le projet a ciblé le renforcement de la mesure, de l’analyse et du suivi de l’impact des ERU sur le milieu naturel ainsi que la coopération technique en termes de gouvernance publique associée.

Le projet a été construit en partenariat avec deux agences de bassin hydrographiques, bénéficiaires, au sein de la région Sud-Est du Brésil : (i) lebassin des fleuves Piracicaba, Capivari et Jundiaí (PCJ) d’une superficie de 15 303 km² et représentant 5,8 M d’habitants, qui assure l’alimentation en eau de la région métropolitaine de São Paulo, bassin exploité par l’Agence des bassins PCJ ; et (ii) lebassin des fleuves Paraíba do Sul et Guandu (61 307 km² et 6,5 M d’habitants), qui assure l’alimentation en eau de la région métropolitaine de Rio de Janeiro (RJ), bassin exploité par l’AGEVAP.

 

La première phase du projet a débuté par des travaux d’état de l’art et de diagnostic. L’OiEau et les bénéficiaires ont alors sélectionné 6 emplacements stratégiques pour déployer autant de stations de mesure : 4 ont ciblé des rivières et bassinsapprovisionnant de stations de captage et de traitement de l’eau, et 2 ont porté sur les effluents rejetés par 2 stations d’épuration. En parallèle, la société Egis a réalisé une évaluation globale des 267 municipalités couvertes par le projet et une analyse détaillée des sites pilotes. Ce travail a permis la formulation de recommandations pour le déploiement des démonstrateurs sur les sites pilotes, notamment en termes d’équipements et/ou de services à acquérir, de paramètres physico-chimiques à mesurer et de modalités d’acquisition et de maintenance à prévoir. Trois équipementiers français ont été sélectionnés pour la fourniture des stations de mesures connectées : Aqualabo, EFS (Etudes Fabrications Services)et Nke Instrumentation.

La seconde phase du projet a permis la mise en œuvre des équipements, l’acquisition et le traitement des données de mesures. Le matériel in situ  progressivement déployé a assuré la transmission des données, toutes les 15 minutes, vers des serveurs (un par agence). L’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) a également procédé au traitement d’images satellitaires, mis à disposition un tableau de bord plus de 6 000 fichiers GeoTIFF (données satellitaires sur 28 mois), et formé les bénéficiaires du projet à l’usage complémentaire de cette approche de suivi de la qualité des eaux. Ensuite, les activités se sont focalisées sur l’agrégation, le traitement et la visualisation des données de terrain et satellitaires, pour chaque agence bénéficiaire, leur fournissant ainsi des éléments de diagnostic et d’aide à la décision (investissements, gestion opérationnelle, etc.), la gestion des systèmes de prévention et d’alerte de pollution et l’information du public.

Enfin, le activités se sont conclues par la publication d’un schéma directeur des données ERU, formulant des recommandations pour encourager la production de données relatives à la qualité de l’eau par les bassins, et par des actions de valorisation du projet -incluant des visites de sites- auprès d’acteurs fédéraux, infra-fédéraux brésiliens et internationaux.

Un projet porteur de coopération technique et de promotion du savoir-faire français

 

Ce projet a permis de conjuguer avec succès une forte composante de coopération technique avec la promotion de savoir-faire technologique français. Au-delà d’Egis, trois entreprises françaises ont pu démontrer la qualité de leur offre, la fiabilité et la robustesse de leurs solutions, en conditions réelles d’exploitation et en milieu tropicalisé. Par ailleurs, l’exploitation d’images satellitaires pour l’évaluation de la qualité des eaux et de l’évolution des pollutions constitue une grande première mondiale et suscite l’intérêt de nombreux partenaires brésiliens et internationaux. Les perspectives de réplicabilité du projet sont élevées.