Mesure et ressenti de la croissance sont souvent opposés l’un à l’autre et effectivement la progression du PIB ne reflète pas forcément l’évolution du niveau de vie qui est perçue par la population. Un indicateur de PIB « ressenti » vise à corriger ce décalage en valorisant la dimension monétaire du bien-être national à partir d’informations sur la diffusion de la croissance au sein de la population et des données d’enquêtes relatives à la satisfaction dans la vie des ménages.Appliqué à l’Europe et aux États-Unis, cet indicateur de PIB ressenti éclaire d’un jour nouveau les évolutions comparées des deux continents. Alors que le PIB des États-Unis a triplé depuis 1980, le PIB ressenti états-unien tel que l’on peut ainsi l’évaluer serait resté quasiment stable sur la même période. A contrario, à l’exception des années récentes, dans la plupart des pays européens, PIB par tête et PIB ressenti ont évolué parallèlement si bien qu’en 2017, l’Europe dépasse désormais les États-Unis en bien-être monétaire.Par ailleurs, les crises économiques durent plus longtemps mesurées par le PIB ressenti : dix ans après, le PIB ressenti européen n’avait toujours pas retrouvé son niveau d’avant la crise financière de 2008, contrairement au PIB qui n’a mis que deux ans à faire ce même chemin. Au sein de l’Europe, l’Allemagne a retrouvé dès 2011 son niveau de PIB ressenti d’avant crise, contrairement à la France qui a dû attendre 2017.